La Visitation

Lecture proposée pour le 9 mai

Le jour même de l’Incarnation, la Sainte Vierge ne sortit pas. Mais quelques jours après, Elle s’en alla en toute hâte, par les montagnes de Juda, pour servir de domestique et de servante à sainte Élisabeth.

Quelle humilité que cet acte ! Car, bien que sainte Élisabeth ait été de noble ascendance (de la lignée de Lévi puisque mariée au grand prêtre) et que, du côté de sa mère, elle ait appartenu à la maison de David, elle était en tout et pour tout inférieure à la Vierge.

Notre Dame est la Reine du Ciel et de la Terre, des Anges et des hommes. Et encore, ces titres que nous lui donnons ne servent qu’à aider nos pauvres esprits à se la représenter d’une façon qui nous fasse un peu comprendre sa grandeur. Car elle est souverainement plus grande que tout ce que l’on peut en dire et, si nous voulons lui donner un nom digne de son excellence, il nous faut la nommer Mère de Dieu. Ce mot est si haut que tous les titres, les louanges et les éloges que nous saurions lui donner, sont compris en celui-ci. Quelle humilité que celle de la Sainte Vierge ! Alors qu’elle est choisie et déclarée Mère du Verbe éternel, elle se dit la servante du Seigneur ; et c’est en tant que domestique qu’elle sort et va servir cette bonne Elisabeth en sa vieillesse. O mon Dieu, que grande et profonde était cette humilité qu’elle manifesta encore en saluant sa cousine : l’Évangéliste nous dit en effet que Notre Dame, très humble, salua la première.

Mais que de bénédictions et de grâces entrèrent en cette maison avec la Sainte Vierge ! Tout cela est connu de la bouche même de sainte Élisabeth qui, dans un esprit de prophétie, s’écria d’une voix claire et intelligible : « D’où me vient ce bonheur que la Mère de mon Dieu vienne me visiter ? » Et poursuivant, elle dit : « Vous êtes bienheureuse parce que vous avez cru. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni est le fruit de vos entrailles, Jésus. »

Oui, ce fruit est non seulement béni, mais c’est Lui qui donne toutes bénédictions. Que votre venue m’a apporté de liesse et de consolation !

 S. François de Sales - Sermon pour la fête de la Visitation, T. IX, p. 65.

Une pieuse histoire racontée par
S. Alphonse de Liguori

Dans une de nos missions, après le sermon de la Sainte Vierge que nous avons coutume de faire, un vieillard fort âgé, vint trouver un des pères de notre congrégation pour se confesser.

Très ému, il lui dit : « Père, la Vierge m’a fait une grâce. – Quelle grâce t’a-t-elle faite ? lui demanda le confesseur. – Sachez mon père, répondit le vieillard, que je fis, il y a trente ans, une confession sacrilège, n’osant avouer un péché ; et avec cela j’ai couru bien des dangers, et j’ai été plusieurs fois à l’article de la mort, de sorte que si je fusse mort en ces occasions, j’aurais été certainement damné. Mais voici maintenant que la Sainte Vierge m’a fait la grâce de me toucher le cœur. »  Il disait cela en pleurant et en versant tant de larmes que c’était pitié de le voir.

Le père le confessa et, juste après, lui demanda quelle dévotion il avait pratiquée. Le vieillard lui répondit qu’il n’avait jamais manqué, les samedis, de s’abstenir de laitage en l’honneur de Marie et que, pour cela, la Vierge avait eu compassion de lui. Après quoi il permit au père de publier ce fait.

S. Liguori, T. 6, p. 440.

Sources – Textes de St François de Sales et St Alphonse de Liguori : « Mois de Marie de St François de Sales – Pages choisies du saint docteur », par l’abbé R. de Thomas de Saint-Laurent. S’agissant d’une édition ancienne, certaines formulations ont été retouchées pour faciliter la compréhension par les jeunes générations. Texte du Padre Pio : « Paroles de Lumière – Florilège de la correspondance », Éditions Salvator, nr. 255.