La charité et l’humilité de Marie

Lecture proposée pour le 8 mai

L’humilité et la charité n’ont qu’un seul objet, Dieu, auquel elles font tendre. Néanmoins ces deux vertus passent de Dieu au prochain, et c’est là qu’elles se perfectionnent.

Notre glorieuse Maîtresse pratiqua ces deux vertus à un très haut degré, au temps de l’Incarnation, lorsque, l’ange Gabriel lui ayant annoncé ce mystère ineffable, elle répondit : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » Car, au moment où l’ange la déclarait Mère de Dieu et Reine des Anges et des hommes, et alors qu’il lui faisait comprendre qu’elle était élevée au-dessus de toutes les créatures angéliques et humaines, elle s’est abaissée aux pieds de toutes en disant : « Voici l’esclave du Seigneur. »

Quelle grande humilité ! La Sainte Vierge eut une si claire connaissance de la misère de notre nature et de la distance qu’il y a entre Dieu et l’homme que, bien qu’elle se soit vue élue et élevée au-dessus de tous les hommes, elle se rabaissa au plus profond de son néant devant les incompréhensibles et inépuisables abîmes de l’immense bonté de Dieu.

La Sainte Vierge ne s’humilia jamais si profondément que quand elle dit : « Voici la servante du Seigneur. » Mais après avoir fait ces actes d’une si parfaite humilité et d’un si grand anéantissement, et après être descendue le plus bas qu’il lui ait été possible, elle accomplit tout de suite des actes de charité en ajoutant : « Qu’il me soit fait selon votre parole. » En donnant son consentement à ce que l’ange lui annonçait et son acquiescement à ce que son Dieu lui demandait, elle réalisa la plus grande charité qui se puisse imaginer.

Vous voyez ainsi comment en cet instant Dieu unit en la Sainte Vierge la charité et l’humilité. En disant : « Voici la servante du Seigneur », elle s’est abaissée jusqu’au profond abîme du néant. Mais en même temps, elle s’est élevée par la charité au-dessus des Chérubins et des Séraphins lorsqu’elle ajouta : « Qu’il me soit fait selon votre parole » car à ce moment-là le Verbe divin prit chair dans son sein virginal, et par ce moyen elle devint Mère de Dieu.

Au Cantique des Cantiques, l’Époux, après avoir considéré son Épouse, jeta ses yeux sur sa chaussure et sur sa démarche, et cela le contenta si fort qu’il confessa en être tout épris. « Oh ! dit-il, la chaussure m’est agréable, que tu as de la bienséance en ton marcher ! » Nous lisons aussi en la Sainte Écriture que, quand Judith alla trouver Holopherne, elle s’était extrêmement bien parée ; son visage était de la plus rare beauté que l’on puisse voir, avec des yeux étincelants, des lèvres de couleur pourpre et des cheveux flottant sur ses épaules. Néanmoins, Holopherne ne fut épris ni par les yeux, ni par les cheveux de Judith, ni par aucune des choses que je vous ai dit sur elle. Par contre, quand il jeta ses yeux sur ses sandales qui, comme nous pouvons le penser, étaient brodées d’or, avec une fort bonne grâce, il en demeura tout épris et touché.

De même, Notre Seigneur considéra bien sûr la variété et la beauté des vertus de Notre Dame qui la rendaient extrêmement belle. Mais lorsque le Père éternel jeta les yeux sur ses sandales, Il en fut tellement épris qu’Il se laissa gagner et lui envoya Son Fils qui s’incarna dans ses chastes entrailles.

 S. François de Sales – Sermon pour la fête de la Visitation, T. X, p. 63 et t. IX, p. 163.

Une pieuse histoire racontée par
S. Alphonse de Liguori

Un Portugais, zélé serviteur de Marie, avait conservé toute sa vie l’habitude de jeûner chaque samedi au pain et à l’eau en son honneur. Il avait choisi pour avocats auprès d’Elle, saint Michel et saint Jean l’Évangéliste.

Arrivé à l’article de la mort, l’homme vit la Reine du Ciel accompagnée des deux saints qui intercédaient en sa faveur ; et la Sainte Vierge, jetant sur son serviteur un regard de satisfaction, répondit aux deux saints : « Je ne partirai point d’ici sans conduire avec moi cette âme. »

St Liguori, T. 6, p. 432.

Sources – Textes de St François de Sales et St Alphonse de Liguori : « Mois de Marie de St François de Sales – Pages choisies du saint docteur », par l’abbé R. de Thomas de Saint-Laurent. S’agissant d’une édition ancienne, certaines formulations ont été retouchées pour faciliter la compréhension par les jeunes générations. Texte du Padre Pio : « Paroles de Lumière – Florilège de la correspondance », Éditions Salvator, nr. 253.