Voici un très bel article sur 30 années de service comme prêtre.
Le sacerdoce, c’est tomber amoureux. Ce n’est pas la seule manière de tomber amoureux, mais devenir prêtre, et rester prêtre, signifie tomber amoureux du Seigneur Jésus encore et encore.
Saint Jean-Marie Vianney, le saint patron des prêtres, a dit célèbrement : « Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus. » C’est une belle phrase. « Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus. » Elle porte un double sens. Le sacerdoce est aimé par le cœur de Jésus ; et le sacerdoce consiste à aimer le cœur de Jésus. Les deux sont vrais.
Le Seigneur Jésus offre son amour librement à tous. Aimer Jésus est la conséquence d’avoir d’abord été aimé par lui. En expérimentant son amour, nous découvrons notre vocation. Pour certains, pour moi et mes frères, c’est d’être prêtre. Une vocation sacerdotale est une manière particulière d’être aimé par Jésus ; et c’est une manière particulière d’aimer Jésus en retour.
Les prêtres font beaucoup de choses dans leur ministère, certaines plus importantes que d’autres. Mais tout ce qu’est un prêtre, et tout ce qu’il fait, repose sur l’amour du Seigneur. Malgré la faiblesse et la fragilité humaines, un prêtre s’offre avec foi et confiance — et quand il le fait, quelque chose de merveilleux se produit : l’amitié divine avec le Seigneur commence à s’approfondir.
Plus encore, cette amitié divine déborde en un esprit de service, de façons qu’un prêtre n’aurait jamais pu imaginer, encore moins mériter — il est utilisé par Dieu pour le bien de l’Église, le Corps du Christ.
Mon propre récent 30e anniversaire d’ordination sacerdotale fut un moment particulier d’action de grâce pour quelque chose d’étonnant : mon appel, de la part du Seigneur, à être son prêtre.
Et c’est une affirmation étonnante que de dire que le Verbe fait chair, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, celui par qui toutes choses ont été faites, m’a attiré dans cette forme spécifique d’amitié amoureuse qu’est le sacerdoce.
Pour certains, cela peut sembler extravagant. Pour moi, c’est bouleversant. Cet appel est la vérité sur laquelle je fonde ma vie.
Trente ans ont passé rapidement — 11 000 jours à essayer d’aimer en réponse à l’amour reçu. Chaque prêtre demeure un disciple qui veut aimer et vivre pour Jésus. Il aime à travers l’amour qu’il reçoit lui-même du Seigneur.
Le Seigneur Jésus, qui m’a appelé il y a de nombreuses années, est le même Seigneur qui renouvelle son appel chaque jour. Mais comment pourrais-je rendre au Seigneur un tel don immense ?
La vérité, c’est que je ne le peux pas. Je ne peux qu’être à l’école de la gratitude, émerveillé de ce que Jésus m’a donné en me permettant de partager son sacerdoce. Indigne que je sois, j’essaie seulement de garder mes yeux et mon cœur fixés sur lui.
Apprendre à être prêtre prend plus que six années de séminaire. Après trente ans, j’apprends encore à être prêtre, j’apprends encore du Seigneur comment aimer comme lui. Trente ans d’essais, mais pas toujours de réussites. Trente ans à vivre par la foi et non par la vue. Trente ans d’espérance, de consolation miséricordieuse. Je suis un témoin vivant de la fidélité et de la bonté du Seigneur. Il a fait des merveilles pour moi. Sans sa grâce, je n’aurais jamais tenu.
Les prêtres essaient d’aimer le Seigneur Jésus et leur peuple du mieux qu’ils peuvent, et nous sommes des compagnons privilégiés pour tant de personnes dans leurs peines et leurs joies. Nous essayons de comprendre et d’expliquer la Parole de Dieu. Nous célébrons les sacrements et transmettons la foi. Nous prions et nous écoutons le Seigneur dans le silence. Les serviteurs ne sont jamais plus grands que leurs maîtres. Ils doivent s’abaisser.
Mais vouloir servir avec humilité n’assure pas de toujours bien faire. Nous restons humains. Nous avons besoin de patience et nous devons demander pardon. Un prêtre ose parler de l’amour de Dieu seulement parce que cet amour a touché son cœur. L’amour qui ne le lâchera pas. L’amour qui ne vous lâchera pas. Un tel amour inspire, motive et restaure, spécialement dans l’Eucharistie.
Oint par le Père avec l’Esprit Saint, le Seigneur Jésus oint ses prêtres pour sanctifier le peuple chrétien et offrir le sacrifice à Dieu. Chaque prêtre est oint pour célébrer le baptême qui nous unit au Christ dans sa mort et sa résurrection. Chaque prêtre est oint pour consacrer le Corps et le Sang du Christ qui nous nourrissent sur le chemin vers le ciel. Chaque prêtre est oint pour prononcer l’absolution qui communique la miséricorde et la guérison du Christ aux pécheurs.
Un prêtre est un instrument vivant de l’amour de Dieu. Il ne doit jamais l’oublier. Je ne dois jamais l’oublier.
Les prêtres aident les autres à savoir que le Seigneur Jésus les aime. Il est un agent de l’amour de Dieu, l’amour qui console, qui provoque, qui envoie en mission.
Tout change pour le mieux quand nous savons que nous sommes aimés de Dieu en Christ. Chaque prêtre est — ou devrait être — le rappel vivant d’un tel amour.
Et nous avons tous besoin de prêtres. Même les prêtres ont besoin de prêtres, y compris ceux qui sont devenus évêques, pour entendre leur confession et oindre leurs corps malades. Et chaque prêtre a besoin de savoir que le Seigneur l’aime.
Quand un prêtre peine à trouver les mots justes, le Seigneur les met sur ses lèvres. Quand un prêtre connaît trop bien son insuffisance, Jésus rassure son cœur. Quand un prêtre vacille de peur, le Seigneur Jésus est son courage. Chaque prêtre est de l’argile fragile, une coquille fragile contenant un trésor précieux.
Quand il dépend du Seigneur Jésus pour tout, le Seigneur lui donne plus que ce dont il a besoin.
En trente ans de sacerdoce, j’ai été frappé de stupeur devant la bonté de Dieu. Pour mes erreurs, je demande pardon. Là où il y a eu de la lumière, c’est la gloire reflétée du Seigneur ressuscité. Je ne réclame rien pour moi, et tout pour lui. Quoi que l’avenir apporte, je l’affronterai avec le Seigneur Jésus, en me confiant à sa parole. Je veux grandir dans son amour.
Je veux que ceux que je sers grandissent dans son amour. Je veux que ceux que nous servons ensemble connaissent son amour, particulièrement là où il y a pauvreté et souffrance.
Un prêtre croit en l’amour descendu du ciel. L’amour qui est une personne. L’amour qui est le Fils de Dieu. L’amour qui est le Seigneur Jésus-Christ. L’amour qui est crucifié et ressuscité. L’amour qui a racheté le monde. Je crois en cet amour. Mon cœur est ému chaque fois que je célèbre la Sainte Messe.
Seuls l’amour et la miséricorde divins ont rendu possible mon trentième anniversaire d’ordination sacerdotale. Seuls l’amour et la miséricorde divins.
Alors, avec cela, je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi, et pour tous mes frères prêtres, afin que nous soyons fidèles à l’appel du Seigneur.
Source : The Pillar, Archevêque John Wilson, sur trois décennies de ministère, 28 juillet 2025
