
Voici un article d’Edward Pentin du 13 octobre 2025, à propos du pontificat passé et de la manière dont il devrait se poursuivre :
À présent qu’un certain temps s’est écoulé et qu’il est possible de réfléchir calmement au pontificat de François, un aspect demande urgemment à être examiné : la nature de la division interne, des désaccords et du désordre durant ces années.
Sous les pontificats précédents, on admettait généralement que la polarisation et la division provenaient des dissidents : cardinaux, évêques et théologiens modernistes qui promouvaient des doctrines contraires au Magistère.
Les papes antérieurs à François les corrigeaient — peut-être pas aussi sévèrement ou fréquemment que certains l’auraient souhaité — mais il était toujours clair que le Saint-Père, malgré quelques paroles ou actions discutables, restait le centre de l’unité, le gardien de la saine doctrine, et que les dissidents étaient les véritables protagonistes de la division.
Mais lorsque le cardinal Bergoglio fut élu, tout changea. Soudain, les dissidents se retrouvèrent aux commandes, François se lançant rapidement dans la mise en œuvre de la révolution moderniste. Cela provoqua de grands troubles et ce que beaucoup considèrent comme une désorientation diabolique au sein de l’Église institutionnelle, causant de graves dommages aux âmes et au témoignage évangélique de l’Église.
Les exemples de cette discorde sont trop nombreux pour être recensés, mais la proposition du cardinal Walter Kasper, en 2014, d’autoriser dans certains cas les divorcés remariés civilement à recevoir la communion fut sans doute l’étincelle qui mit le feu aux poudres. Elle déclencha une lutte interne, publique et amère, comme je n’en avais jamais observé au Vatican dans toute ma carrière.
La « proposition Kasper » devint, comme beaucoup l’avaient prédit, un cheval de Troie. Elle conduisit à Amoris Laetitia et à la promotion d’un soi-disant « changement de paradigme », ouvrant la porte à d’autres idées hétérodoxes et hérétiques, et alimentant une nouvelle amertume qui perdura tout au long du pontificat de François.
On oublie facilement la gravité de la situation : sept corrections filiales signées par des évêques, des prêtres, des laïcs éminents et des universitaires respectés ; les célèbres cinq dubia présentés par quatre cardinaux, suivis huit ans plus tard d’un second dubia ; un cardinal appelant à une « profession de foi du pape » ; et un théologien de premier plan avertissant de ce qu’il appelait un « schisme papal interne ».
Les Pères de l’Église et les grands théologiens du passé sont clairs quant aux sources de la division dans l’Église. Saint Augustin d’Hippone identifie le rejet volontaire de la doctrine établie comme une cause principale de schisme et de division. Saint Irénée de Lyon argumente, dans ses écrits contre les gnostiques, que les hérésies brisent l’unité de l’Église en introduisant des doctrines contraires à la tradition apostolique. Saint Vincent de Lérins avertit, dans sa formule célèbre, que le développement doctrinal ne doit jamais introduire des nouveautés qui engendrent la division, mais croître organiquement dans la continuité apostolique. À cela s’ajoute le pape Léon XIII qui, dans sa lettre apostolique Testem benevolentiae nostrae de 1899, énumérait des hétérodoxies modernes comme des tendances hérétiques mettant en péril l’unité de l’Église.
Et pourtant, pendant les années révolutionnaires du pontificat de François, et même aujourd’hui sous le pontificat du pape Léon, ce sont si souvent les catholiques orthodoxes — souvent traditionnels, mais pas exclusivement — qui ont été continuellement accusés d’idéologie, de semer la division ou de dissidence. Tout cela simplement parce qu’ils tenaient bon et défendaient la tradition apostolique face à une tempête dominante d’hétérodoxie et d’hérésie.
Certes, des éléments bruyants et très réactionnaires se réclamant de la tradition ont aggravé cette division, tout comme les réseaux sociaux. Mais pour ceux qui ont des yeux pour voir, la cause principale fut l’imposition aux fidèles d’idéologies étrangères à l’Église catholique et à son Magistère, semant ainsi la discorde, approfondissant la polarisation et augmentant le risque d’un schisme.
Le pape Léon a souligné que son but est de neutraliser cette polarisation. S’il le pense réellement et s’il veut instaurer la paix et l’unité internes dans l’Église, il devrait peut-être considérer son origine et reconnaître le grand mensonge — la fausse projection — du pontificat précédent : que ceux qui demeuraient fidèles à la doctrine établie face à l’hétérodoxie et à la dissidence étaient les véritables fauteurs de division, voire des schismatiques.
Rien n’est plus faux.