
Un bel article rédigé par des bénédictins d’Irlande, à l’occasion du centenaire de la solennité du Christ-Roi :
La 100ᵉ célébration de la Solennité du Christ-Roi 2025
Ô Dieu, qui, dans Votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers, avez voulu renouveler toutes choses, accordez avec bonté que toutes les familles des nations, déchirées par la blessure du péché, soient soumises à Sa très douce souveraineté. (Collecte de la Messe du Christ-Roi)
Cent ans de la fête
La fête du Christ-Roi fête cette année son centenaire, depuis que le pape Pie XI, à la fin de l’Année Sainte 1925, publia l’encyclique Quas Primas. Il s’adressait alors à un monde dans lequel toutes les familles des nations étaient déchirées par la blessure du péché. Quelques années auparavant avait pris fin la Première Guerre mondiale, qui avait brisé les illusions d’une civilisation moderne persuadée d’un progrès irrésistible. En quatre années d’enfer, ce rêve avait volé en éclats : des millions de morts, la paix de l’Europe détruite. Et l’après-guerre ne connut pas davantage la paix : les idéologies montaient, le communisme avait pris le pouvoir en Russie, le national-socialisme et diverses formes de fascisme se développaient en Europe, tandis que les nations occidentales se perdaient dans les plaisirs des « Années folles ».
Au milieu de cette situation, Pie XI proposa à l’Église et au monde la contemplation de la Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. In dilecto Filio tuo, universorum Rege, omnia instaurare voluisti – « Dans Votre Fils bien-aimé, Roi de l’univers, Vous avez voulu restaurer toutes choses. » Le pape rappelait que Notre-Seigneur est roi à plusieurs titres. Comme Fils éternel du Père, comme Verbe par Qui tout a été fait, Il règne de toute éternité. Mais comme homme aussi, en raison de l’union hypostatique, Il possède légitimement la souveraineté sur toute créature. Enfin, Il a conquis Son royaume par Sa victoire sur le mal dans Sa mort et Sa résurrection. Ainsi, Jésus-Christ mérite d’être reconnu comme Roi de chaque personne et de chaque société humaine.
La royauté sociale du Christ
On pense aujourd’hui que la religion ou la royauté du Christ serait affaire purement intime, « entre moi et Dieu ». Mais le Catéchisme rappelle que le devoir de rendre à Dieu un culte véritable concerne l’homme à la fois individuellement et socialement.
En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent « pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent ” (CEC 2105).
Liberté ?
Nous en sommes aujourd’hui bien loin. La royauté du Christ est devenue presque indicible dans l’espace public, ou perçue comme une menace pour la liberté humaine.
Mais la royauté du Christ ne supprime pas la liberté. Dieu ne cherche pas à s’imposer pour prendre quelque chose à Ses créatures. Comme le rappelle saint Augustin, la reconnaissance du Christ comme Roi des Juifs fut un acte de condescendance aimante, non de domination. Il en va de même pour Sa royauté sur les nations. Il n’en tire aucun profit : Il est Roi pour notre bien.
Le Catéchisme enseigne que toute institution repose – au moins implicitement – sur une conception de l’homme et de sa destinée.
La religion révélée seule reconnaît pleinement l’origine et la fin de l’homme en Dieu. L’Église invite les autorités politiques à mesurer leurs décisions à la lumière de cette vérité inspirée :
« Les sociétés qui ignorent cette inspiration ou la refusent au nom de leur indépendance par rapport à Dieu, sont amenées à chercher en elles-mêmes ou à emprunter à une idéologie leurs références et leur fin, et, n’admettant pas que l’on défende un critère objectif du bien et du mal, se donnent sur l’homme et sur sa destinée un pouvoir totalitaire, déclaré ou sournois, comme le montre l’histoire » (CEC 2244 ; Jean-Paul II, Centesimus annus, 45–46)
Si nous ne voulons pas le Christ comme Roi, nous choisirons un autre roi — César sous l’une de ses multiples formes — et nous nous livrerons à une autre domination.
Son empire très doux
Eius suavissimo subdantur imperio. – « Qu’ils soient soumis à Son empire très doux. » Le Christ est Roi. Il mérite notre adoration et notre hommage. Il est le Roi d’amour, et Son empire est tout douceur.
Quel roi étonnant !
Dignus est Agnus, qui occisus est.
Digne est l’Agneau immolé.
Voici notre Roi. Voici notre Vainqueur : l’Agneau immolé.
Un agneau – image peu redoutable. Doux et sans défense. Un Agneau qui a donné Sa vie et a fait la paix par le sang de Sa Croix, afin de nous introduire dans Son royaume : un royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de justice, d’amour et de paix. Le Christ n’établit pas Son royaume avec les moyens des rois de ce monde, mais par Son sacrifice, et Il l’implante dans les cœurs par Son amour.
Sous l’étendard du Christ, notre vrai Roi
Nous, Ses fidèles sujets, Ses soldats, devons employer les armes qu’Il a utilisées. Certes, nous devons faire connaître la royauté du Christ dans la société. Mais Son royaume commence au-dedans, dans le cœur.
Comme fils de saint Benoît, nous entendons souvent Son appel, dans le Prologue de la Règle, à « combattre sous le vrai Roi, le Christ Seigneur ». Nous ne combattons pas avec les armes de ce monde : ni violence, ni discours, ni propagande. Nous combattons avec l’obéissance, le silence et l’humilité. Ce sont ces armes que saint Benoît porta dans le désert ; avec elles, lui et ses fils édifièrent lentement les bases d’une société nouvelle reconnaissant la royauté du Christ — royauté non de ce monde, mais pourtant entrevue au cours des siècles dans l’évangélisation des nations.
La Consécration du genre humain au Christ Roi
Nous demandons que la royauté du Christ soit reconnue dans le monde entier — et d’abord dans nos cœurs. Même lorsque l’Église n’était pas reconnue publiquement et vivait dans les catacombes, le Christ demeurait Roi : Roi dans les cœurs des fidèles, des martyrs, des confesseurs.
Par Notre-Dame
Ainsi, quelles que soient les circonstances du monde, Il est Roi dans chaque cœur qui L’accueille. Nous demandons à Notre-Dame, Reine des cœurs et Reine de la paix, de nous aider à accueillir le Christ Roi dans nos âmes, afin qu’Il y règne : que Son Sacré-Cœur prenne possession de nous lorsque nous Le recevons dans la sainte Communion ; qu’Il règne en chacun de nous, et qu’à travers nous Il étende Son royaume à tous les cœurs et au monde entier.
Source : VultusChristi.org